Immaculée conception
Le 8 décembre, le Séminaire fête sa sainte patronne, la Vierge Immaculée.
Les Pères Lannurien et Freyd, dans leur recherche d’un lieu adapté pour fonder le Séminaire français, s’en remirent totalement à la Vierge Immaculée. L’ancien collège irlandais qui leur avait été concédé étant trop petit, il fallait vite trouver de nouveaux bâtiments. En 1856, – grande nouvelle –, Pie IX leur accordait le terrain du 42, via santa Chiara. Madame Jurien de la Gravière, grande bienfaitrice pour cette fondation, avait justement écrit quelques temps plus tôt au Père Freyd : « Mon Père, je viens de prier Notre-Dame des Victoires, au pied de son autel, d’inspirer à Pie IX de vous donner l’église tombée de Sainte-Claire. Quand vous l’aurez obtenue et que vous aurez la première pierre, vous en commencerez aussitôt la construction ».
Une telle histoire nous donne, chaque année, une raison supplémentaire pour fêter dignement l’Immaculée ! Sacristains, fleuristes, chantres, tous s’affairent pour honorer en ce jour celle qui nous honore constamment de ses délicates et discrètes attentions maternelles. Dès le matin, une joie particulière s’empare du Séminaire ; une atmosphère d’action de grâce anticipe le Magnificat solennel qui, aux vêpres, nous unira au chant de la Vierge et de toute l’Eglise. Ce Magnificat « a été mis pour tous les siècles dans la bouche de l’Eglise1 », destinée à chanter pour toujours les miséricordes du Seigneur. Il est grand que ce soit le chant d’un cœur pur, celui de l’Immaculée, qui soit mis sur nos lèvres !
Marie nous donne ses mots pour louer Dieu ; elle nous donne aussi les raisons de notre louange. En Marie, la toute sainte, nous contemplons l’œuvre d’un Dieu miséricordieux, qui veut sanctifier son peuple de pécheurs, et le porter patiemment au bout du voyage. Pour nous qui nous préparons à être prêtres – ou le sommes déjà –, cette vérité nous redonne du souffle, car elle nous replace devant le sens profond de notre vocation : de cette miséricorde donnée en plénitude à l’humanité, nous voulons être les pauvres instruments. En Marie, nous pouvons contempler le bout du voyage, le sens de nos labeurs. Regarder Marie, c’est apprendre à regarder l’Eglise. Notre regard sur le saint peuple de Dieu se forme en regardant Marie. Ainsi, malgré toutes nos détresses actuelles, « notre temps est à l’Espérance ! », a pu nous dire avec force le Cardinal Ouellet, venu présider la messe ce 8 décembre. Et il continuait dans son homélie :
Nous sommes défiés par cette humble vertu, la plus modeste des trois théologales mais celle qui meut les deux autres, comme dit le poète, celle qui meurt la dernière ou plutôt qui ne meurt jamais puisqu’elle est toute suspendue à Dieu, dont la miséricorde répond de notre salut par-delà nos désespoirs, nos peurs et nos échecs.
La miséricorde divine répond de notre salut ! Dieu s’est engagé à sauver son peuple, et Marie en est le témoin.
Marie nous montre le sens du ministère du prêtre ; elle nous indique aussi la manière de l’accomplir. Si la grâce est ce qui réconcilie et nous rend proches de chacun, la pleine-de-grâce vit vraiment cette « parfaite solidarité avec toute l’humanité », de la même façon qu’elle a pu « partager sans limite le sort de son divin Fils », nous rappelait le Cardinal Ouellet. Elle fut au pied de la Croix de son Fils ; elle est aussi au pied de nos croix, se rendant solidaire de chacun d’entre nous. Stabat Mater. Elle le peut, car elle est pleine de grâce. Dans cette proximité envers tout homme, dans cette compassion universelle, ne nous montre-t-elle pas le programme de notre future action pastorale ? N’est-ce pas cela, être « homme d’Eglise » ?
Louée soit à jamais cette grande Mère majestueuse,
aux genoux de qui j’ai tout appris ! 2
1 P. CLAUDEL, lettre à Gabriel Frizeau, 25 septembre 1907.
2 Paul CLAUDEL, Ma Conversion, dans Contacts et circonstances.